bordeaux7 par Sebastien Le Jeune
Si, une fois n’est pas coutume, aucun auteur du cru n’était en lice pour les récompenses d’Angoulême cette année, Bordeaux n’en reste pas moins un véritable vivier de talents dans le 9e art. Un exemple avec Witko, qui vient de prendre ses quartiers dans les locaux de l’association 9-33, rue du Professeur-Demons. Les murs sont encore un peu trop blancs, les étagères dégarnies, l’équipement encore épars et rudimentaire. çà et là, des touches de couleur – ses dernières productions en guise de déco. Contre un mur, une toile attend d’être peinte. Bienvenue dans le nouvel atelier de Nikola Witko, un «bel espace lumineux» mis à sa disposition dans la demeure cossue du Professeur Demons, à deux pas du Jardin public. Un lieu que la mairie de Bordeaux a décidé de confier, en novembre dernier, aux organisateurs de l’Escale du livre et à 9-33.
Des projets à profusion
Premier entré dans les murs il y a un mois suite à un appel à candidatures lancé par l’asso et la ville, Witko apprécie son nouveau cadre de travail. «Il y a tout ce dont j’ai besoin ici : la connexion internet, une imprimante partagée et du calme pour me faire de vraies séances de travail. ça m’oblige à me bouger de chez moi, où la flemme, la distraction guettent toujours. ça tombe bien, j’ai besoin d’être productif, entre la finalisation des premiers tomes d’«Alexandre Pompidou» – une histoire qui conjugue la viande et l’art contemporain (dont le premier volume sortira début mars aux édition du Lombard, NDLR) –, de nouvelles histoires courtes du «Profesor Furia» en préparation et mes autres projets personnels, dont la peinture.» Dans cette effervescence créative, Witko doit aussi trouver le temps de boucler avec les autres membres du collectif Whip’It! la seconde compilation «Stereovisio», qui doit sortir en avril aux Requins Marteaux, l’iconoclaste éditeur indépendant fraîchement débarqué à Bordeaux. «Stereovisio», est un ovni bordelais pur jus dont la première mouture fort remarquée réunissait déjà la crème des dessinateurs (Winshluss, Besseron, LL Cool Jo...) et des groupes locaux (Magnetix, Hoodlum, Strong Haïku...) versés dans l’esthétique garage punk, l’autre passion du natif de Maubeuge qui s’illustrait encore il y a peu au sein des défunts Izzy Crash. «Au-delà de la lumière et du climat, cette scène garage a été la principale raison qui m’a fait descendre de Bruxelles il y a une dizaine d’années. C’est comme ça que je suis passé d’une grande ville de BD à une autre.»
Bouillon de culture
Witko a été rejoint dans les ateliers de Professeur-Demons par le dessinateur d’origine nord-coréenne Jung («Kwaïdan», «Couleur de peau : miel») et David Prudhomme, récompensé du Fauve d’or à Angoulême en 2010 pour son album «Rébétiko, la mauvaise herbe». « C’est un autre aspect qui m’a tenté dans cette expérience de résidence, explique Nikola Witko, ces possibilités d’échanges, ces occasions de confronter mon travail au regard des autres.» Des échanges qui, on l’espère, dynamiseront encore la vibrionnante scène bordelaise.
Dernier album paru : Profesor Furia, vol. 1: Manuel d’élégance et de savoir vivre (Humanoïdes Associés).
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