samedi 27 novembre 2010

De la planche à l'écran

Sud-ouest par Gilles Guiton

La ville des Nuits magiques accueille des créateurs de films. Le dessinateur Jung et le réalisateur Laurent Boileau sont en résidence aux Terres-Neuves.
 

Jung, à droite, et Laurent Boileau (à gauche), en résidence aux Terres-Neuves. photo « sud ouest »

 Les Terres-Neuves, à Bègles. Un vaste bureau. Des ordinateurs, des dessins sur papier épars sur les bureaux, punaisés sur le mur. Ils sont trois : Jung, dessinateur de BD : né en Corée, adopté en Belgique, vit à Bordeaux. Autobiographe. Laurent Boileau, réalisateur documentariste, passionné de BD. Et Alexis Madrid, storyboarder. C'est là que se déroule la seconde étape de la mise au monde d'un long-métrage à venir, Approved for adoption. Jean-Raymond Garcia, de l'Agence de cinéma de la région Aquitaine, est aussi là, en voisin : c'est Écla qui a monté cette résidence d'artistes, avec la Saemcib.

De Séoul à Bègles
Le scénario est inspiré de Couleur miel, la série qui a mis Jung sur le devant de la scène du neuvième art. La première étape avait eu lieu en août dernier à Séoul. Là où le jeune Jung, orphelin des rues, fut un jour recueilli par un policier, avant d'être à 5 ans, adopté par un couple belge.
Dans la capitale coréenne, Jung et Boileau ont tourné les séquences cinématographiques du film en gestation, qui mêlera dessin d'animation et images réelles.
Le retour aux sources est l'idée de Laurent Boileau. Les sensations ont été celles de Jung. « J'ai découvert Séoul avec le tournage », dit Jung. « Il y a des lieux que je souhaitais voir et montrer. Le marché où j'ai été retrouvé, par exemple. Il s'est passé des choses très étranges. Dans le métro, très vaste, j'avais le temps d'observer les gens, et je me projetais sur eux, sur les enfants, les femmes qui auraient eu l'âge d'être ma mère. »
Jung n'est pas acteur. Mais la partie contemporaine du film ne sera pas un documentaire sur le retour de l'orphelin. « On avait un scénario, des figurants, des acteurs, un plan de tournage. Mais on s'est laissé guider par les émotions de Jung », précise Laurent Boileau. Ce qui se dessine à Bègles, ce sont les deux autres tiers du film : ce qui va naître du crayon du dessinateur, revisitant les planches de l'album. Et des ordinateurs, puisque l'animation est réalisée en 3D pour des projections en 2D. Une technique mixte, qui gagne du temps et de l'argent en évitant de dessiner les mouvements image par image.
Quand Laurent Boileau, qui avoue un « coup de cœur » pour la BD de Jung, « pleine d'humour, d'autodérision, avec un regard décalé », lui a proposé l'idée d'un film, Jung a « d'abord vérifié » que son dessin était « adaptable ».
« Un premier test m'a convaincu. Le trait est un peu différent, mais l'âme du personnage y est. » Il ne voulait ni « misérabilisme » ni « larmoiement ». Boileau non plus. Jung dirige le dessin, Boileau apporte le découpage, la mise en scène.
Le « teaser », une ébauche initiale qu'on peut voir en ligne, a convaincu Éric Schmitt, un producteur belge et ami de Laurent Boileau. Le jury du concours de scénarios d'Écla, l'agence de cinéma et littérature de la région Aquitaine, s'est enthousiasmé.
En échange de la résidence, Écla a demandé aux auteurs de participer, durant cette phase de la réalisation, à un travail avec le Forum du regard de Pessac, le cinéma d'animation de Bègles notamment.
Au gré des partenariats, le film sera presque aussi nomade que celui qui l'inspire : les étapes suivantes en 2011 seront réalisées à Angoulême, à Nancy, à Strasbourg… Neuf lieux en tout. Il faut voyager pour boucler les 4,5 millions d'euros du budget. Si tout va bien, le film sortira fin décembre 2011

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