Supplément Sud ouest
« Il y a Blutch, Munoz et David. On en a un comme lui tous les cinquante ans », dit la coloriste Isabelle Merlet. Max Cabanes le cite avec enthousiasme. David Prudhomme a grandi à Chateauroux. Aucun rapport, non. À 10 ans, il s'entraînait à copier les dessins d'Uderzo-Astérix. Se mettait des notes pas terribles. « J'ai pensé vite en cases », dit le quadragénaire. « Cette façon de marquer le temps, c'est extraordinaire. » Puis Girard, Moebius. Il dessine l'histoire de Châteauroux en BD. Si, si. Première année de pharmacie, essai en biologie... Mais Angoulême plutôt.
Malgré l'avis de ses profs, il se lance pour Glénat dans « Ninon secrète », série scénarisée par Cothias. Douze ans et six tomes : « un exercice de style intéressant ». Installé à Bordeaux depuis 1994 avec parenthèse paloise, Prudhomme va parallèlement tracer un chemin peu commun, au gré de projets aussi divers qu'originaux : l'absurde drôle avec « Port Nawak » (1999), le reportage en Serbie avec Christophe Dabitch (2003) ou l'adaptation des ouvrages libertaires de Brassens ou Villon.
« Rébétiko », son dernier ouvrage paru en octobre, s'inscrit dans cette veine, sur cette musique née dans les années 20 au coeur des bidonvilles du Pirée, Thessalonique ou Athènes. Musique de ports et d'exils, « je l'ai découverte dans un petit livre au début des années 2000 », explique David. Prix à Saint-Malo, prix « Regard sur le monde » à Angoulême, jusqu'au prix, savoureux, de la « meilleure BD adaptable à l'écran », à Monaco, au début de ce mois. L'album est encensé ; le trait et le récit, à des sommets de cohérence et de force. Au sein d'un atelier de sept auteurs, ce travailleur volontiers nocturne et « à l'ancienne » (crayon, pinceau, papier et l'angoisse pendant l'envoi des Chronopost) emmène un projet collectif sur l'art rupestre et travaille sur la nouvelle création de la compagnie bordelaise Anamorphose, un monologue de Laurent Rogero où ses dessins seront projetés. Encore un autre monde.
Auteur : Y. D.
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