Sud ouest par Yannick Delneste
En amont du festival où ils exposeront, Max de Radiguès et Sylvain Rivaud ont arpenté les Hauts de Garonne.
Max de Radiguès recevait dans l'aile XVIIe du Château Brignon de Carbon-Blanc. Non, ce n'était pas les réceptions de l'ambassadeur de la pub ni des agapes d'un nobliau que la révolution allait bientôt balayer. « Juste » un jeune dessinateur belge accueilli en résidence artistique par Passage à l'art, association organisatrice du festival Bulles en Hauts de Garonne.
Max a été le premier en novembre dernier à s'installer pour quelques semaines dans l'appartement récemment rénové et aménagé pour l'hébergement des artistes. Une étape de plus dans la construction du pôle ressources BD à Carbon-Blanc, destinée à être une référence de la politique culturelle de l'agglomération. L'arrivée de Passage à l'art en 2010 aura été la première.
Le regard de Max
Chaque année depuis quelques éditions, un dessinateur est convié à poser ses valises, son regard et ses crayons sur la rive droite bordelaise pendant quelques semaines, avant de le retrouver lors du festival. Ce n'est pas que pour le plaisir égoïste de ces passionnés : la résidence se déplie notamment au fil d'interventions scolaires et dans les médiathèques, dimension importante et méconnue du festival (lire par ailleurs). Après le savoureux Jean-Luc Loyer et la délicieuse Lucile Gomez, place pour ce cru 2012 aux fortes couleurs jeunesse, à deux jeunes gars, Max de Radiguès puis Sylvain Rivaud qui cultivent en douceur tous les deux… leur style bien particulier.
Premier arrivé dans l'appart', premier servi : à 30 ans, Max de Radiguès est un talent que l'on appréhende en prenant son temps, en se laissant aller au rythme de l'artiste, volontiers contemplatif. « J'ai besoin de me poser, de regarder. Puis les histoires et les dessins naissent », nous disait-il à l'automne aux premiers jours de sa résidence dans cet appartement « plus grand que chez moi. »
Max a cinq albums à son actif, dont deux sont sortis il y a quelques mois seulement. « Frangins » est un touchant ouvrage sur la cohabitation forcée entre deux jeunes garçons au sein d'une famille qui se recompose. Pudeur et simplicité pour des émotions qui au fil des pages, se font d'autant plus joliment jour. Avec « Pendant ce temps-là à White River Junction », on est plutôt dans le reportage, Radiguès racontant le séjour de neuf mois dans cette petite ville du Vermont, invité il y a deux ans par le renommé Center for Cartoon studies. Cerise sur le cheesecake : l'album édité chez Sarbacane a été sélectionné à Angoulême en janvier dernier.
Lapin, gamins, hérisson
La route était un peu moins longue pour le deuxième artiste en résidence : Lepithec, alias Sylvain Rivaud (ou l'inverse) est descendu de Paris pour passer deux mois sur la rive droite. Il y a animé avec plusieurs classes, des séances de sensibilisation au dessin, aux personnages. « J'avais déjà l'expérience de ce contact dans un atelier de bande dessinées à Poitiers où j'étais intervenant pendant trois ans », raconte l'artiste à la même trentaine que son Belge congénère. Sylvain en avait d'abord été l'élève adolescent, y a appris les rudiments et créé son premier personnage (un aventurier flanqué d'un raton-laveur !).
Après les Beaux-Arts à Poitiers où il s'intéresse à la photo et au dessin animé, Lepithec sortira son premier album en 2008 chez Emmanuel Proust : « José Lapin », avec Messina au scénario et X-aël à la couleur. Issues du fanzine créé par Babylon Studio, collectif d'auteurs auquel il appartient, les aventures de Peter et Sally qu'il développe avec le scénariste Clément Barc, feront l'objet d'un premier album à sortir en octobre chez Sarbacane.
Au festival ce week-end, Lepithec en exposera douze pages originales (plume et encre de Chine) en avant-première sur ces deux gamins de six ans dans le registre « je t'aime, moi non plus ». On découvrira aussi « Rébus le hérisson », album illustré pour petits, réalisé avec le compère Cain et imprimé par le pôle Château Brignon en co-édition avec Babylon.
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