dimanche 22 mars 2015

Des Bulles dans le flou

Sud ouest par y.delneste@sudouest.fr
L’édition 2015 du festival BD ce week-end sera-t-elle la dernière ?
L’association organisatrice attend des réponses de ses tutelles.

C'est la vitrine la plus éclatante et courue de la création locale et cette dernière est luxuriante. La bande dessinée à Bordeaux valait bien un festival, même si Bulles en Hauts-de-Garonne ouvre plus large chaque année depuis quatorze ans, les portes du genre. Avec Regard 9, la manifestation qui tourne sur quatre communes de la rive droite est l'incontournable rendez-vous des auteurs et lecteurs. Mais à l'instar de toute l'action de Passage à l'art, l'association organisatrice, les Bulles semblent aujourd'hui en danger.
Château Brignon. Sur ce site édifié du XVIIe au XIXe, racheté au milieu des années 2000 par la mairie de Carbon-Blanc, Passage à l'art s'installe en 2011 dans des dépendances. Le collectif est au cœur d'un projet ambitieux porté par la municipalité (PS-PC) d'alors : faire de Brignon un pôle ressources BD à l'échelle de l'agglomération. Passage à l'art est jusque-là « piloté » par les quatre villes du Groupement d'intérêt public (GIP) réunissant Bassens, Cenon, Floirac et Lormont dans la dimension culturelle de la rénovation urbaine qu'il accompagne. Quand le GIP, via ses élus, se déleste de l'action culturelle mais continue de financer et d'accueillir le festival en rotation sur les quatre villes, Passage à l'art n'a plus de raison de rester dans ses locaux et Brignon semble donc idéal pour imaginer résidences d'artistes, création et diffusion d'expositions, ateliers de pratique artistique. Et développer les parcours scolaires d'initiation à la BD : 120 classes cette année ont reçu la visite d'un intervenant professionnel. « C'est un succès incroyable », explique Manuel Dias, le président de Passage à l'art. « On refuse du monde. »

Changement de majorité
Oui mais voilà : les travaux de réhabilitation plombent au fil des années le budget de Carbon-Blanc (près de 4 millions), et Brignon devient le sujet des municipales. La gauche, qui déjà ne soutenait plus le projet BD que du bout des lèvres, est battue par Alain Turby (Communauté d'avenir) qui a fait campagne contre le projet BD à Brignon au nom d'une appropriation plus grande par les habitants, de la pépinière d'entreprises à l'accueil de mariages. Et retire progressivement ses 80 000 à 100 000 euros d'aides à l'association (sur un budget de 225 000 euros par an).
« Le maire est dans sa logique et nous propose de garder une pièce sur site », note Manuel Dias. « Mais mise à part la Ville de Bassens, nous n'avons que très peu d'intérêt exprimé par les autres villes-partenaires. » Ces dernières n'ont jamais voulu que Carbon-Blanc accueille le festival… encore moins depuis que la ville a été « perdue » ? Quel devenir pour Passage à l'art qui n'aura plus les moyens à la fin de l'été de reconduire ses dispositifs d'action culturelle ? Le Rocher de Palmer peut-il être un havre, comme le suggère Manuel Dias ? Un rapprochement avec l'association bordelaise 9-33 est-il possible ? Joint hier, Jean-Jacques Puyobrau, maire de Floirac et président actuel du GIP des quatre villes, déclare : « Le GIP ne le gère plus depuis plusieurs années : le festival est de la responsabilité de Passage à l'art »… dont les membres titulaires sont toujours les quatre villes du Groupement et le Groupement lui-même !

« On sabote un projet »
« Les parcours scolaires et plus largement le travail de Passage à l'art, c'est une transmission unique, une valorisation lors du festival et du travail dans un secteur très fragile », souligne le coloriste Jérôme Alvarez, qui travaille avec le collectif depuis trois ans. « On sabote un projet qui touche un grand public, pour une fois hors du centre de Bordeaux », note Laureline Mattiussi, auteure. « Le festival nous a accompagnés dès nos débuts », insiste sa collègue Marion Duclos. Les artistes liront une lettre ouverte lors de l'inauguration ce matin, et une pétition circulera sur le festival.

1 commentaire:

  1. Voyage au centre de la bulle
    Auteurs, éditeurs, spectacles et ateliers composent le 14e festival de BD de la rive droite bordelaise.

    Le contexte est difficile mais le générique reste éclatant. Fragilisée dans son fonctionnement et placée dans un flou peu artistique quant à son avenir, l'association Passage à l'art est quand même parvenue à bâtir une quatorzième édition à la hauteur des précédentes. Sa griffe en un triptyque : la valorisation inspirée de la richesse bordelaise, l'accueil ou la création d'expositions particulièrement solides et la production de performances ou spectacles inédits.
    Le bus de l'affiche, signée par le parrain Sylvain Savoïa est explicite : Bulles en Hauts-de-Garonne invite cette année encore plus au voyage. Les dessins de Régis Lejonc en sont quasiment tous. L'illustrateur girondin est enfin au centre d'une exposition retraçant deux décennies d'images dont l'éclectisme montre l'éventail du talent.

    Flambant neuf
    Voyage en Italie que ces Italiques, où Alfred dont le Come Prima a décroché le Fauve d'or à Angoulême 2014, décline ses racines et ses amours transalpines. L'exposition, présentée l'an passé à la galerie Saint-Rémi, fait un retour attendu. Come prima sera aussi la trame d'un concert de Splendor in the grass. Lejonc, Alfred : il ne manquait que Richard Guérineau. Les trois ont fondé l'Atelier Flambant neuf et seront au cœur d'une sieste musicale particulière : sur les musiques choisies sur le thème de la mer par Patrick Labesse, Robinson de la Cabane du Monde au Rocher, les trois artistes dessineront sur les flots musicaux.
    Les nouvelles d'Olivier Ka sont aussi des voyages, en absurdie et/ou en humanité. Il en lira cinq, accompagné par les dessins live de Marion Duclos et Laureline Mattiussi, et la musique de Sol Hess.
    « Dessins partagés », « Il était une fois un jardin », « Le Chaperon rouge, exercice de staïle », « Le journal de Grosse patate » : autour des incontournables auteurs et de leurs dédicaces, les spectacles vont rythmer le week-end au Rocher.
    Les éditeurs seront également légion pour constituer la plus grande librairie BD de la région, le temps d'un festival.
    L'action pédagogique, pilier du projet de Passage à l'art, est aussi un des axes forts de « Bulles… » Une exposition présentera les travaux réalisés au fil des parcours scolaires dans plus d'une centaine de classes de la rive droite et d'ailleurs. Scénario, dessin, lecture : des pistes multiples pour découvrir, démystifier mais rêver quand même la bande dessinée. L'essence de ces « Bulles ».

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