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Un hôtel, un libraire, un éditeur, cinq auteurs : Bijoux d’hiver associe les genres et les plumes, la résidence pour contrainte. Par Elsa Gribinski
L’hôtel est de luxe, et, comme la ville éponyme, chargé d’histoire : une ancienne usine de la Compagnie générale des eaux, construite au cœur de la Ville d’hiver en 1884, ravagée par un incendie à la fin du siècle suivant. Le libraire est d’Arcachon, à l’origine de ces brèves résidences qui pourraient désormais se prolonger en un recueil annuel aux jeunes éditions bordelaises Bijoux de famille : « Un libraire lit et constate parfois qu’un livre manque », assure François Boyer, de la Librairie générale, « il garde en tête que celui-ci advienne à partir d’une idée, d’une rencontre. » Les auteurs sont cinq, d’horizons différents mais de la région, ou presque. Ils se sont inspirés du passé et de l’atmosphère des lieux pour donner ces Bijoux d’hiver, quatre textes courts et quelques planches de Guillaume Trouillard. L’étrange « bijou » d’Hervé Le Corre, comme on le sait Grand Prix de littérature policière et prix Le Point du polar européen pour son dernier roman bordelais Après la guerre, s’intitule Histoire d’eau. Il y est aussi question de feu – rien d’un polar, et pas davantage une nouvelle érotique. Le texte de Jonathan Hénault, alias Nathanaël Jo Hunt, pratiquant de l’« écriture compulsive et autofrictionnelle », également éditeur du présent recueil, joue des mots au-delà du titre : anagrammes, anacoluthes, clins d’œil en série et parodie de polar, justement, dans laquelle le narrateur s’interroge – Et Camille dans tout ça ? Nathalie Bernard, devenue auteur jeunesse ailleurs et ici parjure, convoque d’Annunzio et Da Vinci ; Arnaud Cathrine, dont on apprend qu’il est du coin sans en être, les souvenirs d’un temps qu’il n’a pas connu dans l’attente d’une femme qui ne viendra pas – une autofiction, mais graphique, puisque Guillaume Trouillard en est. Quatre écrivains « à contre-emploi », donc, un recueil réussi, le tout à l’enseigne de l’hôtel de la Ville d’hiver.
Bijoux d’hiver, Jonathan Hénault, Hervé Le Corre, Nathalie Bernard, Arnaud Cathrine et Guillaume Trouillard, éditions Bijoux de famille.
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Un hôtel, un libraire, un éditeur, cinq auteurs : Bijoux d’hiver associe les genres et les plumes, la résidence pour contrainte.
Par Elsa Gribinski
L’hôtel est de luxe, et, comme la ville éponyme, chargé d’histoire : une ancienne usine de la Compagnie générale des eaux, construite au cœur de la Ville d’hiver en 1884, ravagée par un incendie à la fin du siècle suivant. Le libraire est d’Arcachon, à l’origine de ces brèves résidences qui pourraient désormais se prolonger en un recueil annuel aux jeunes éditions bordelaises Bijoux de famille : « Un libraire lit et constate parfois qu’un livre manque », assure François Boyer, de la Librairie générale, « il garde en tête que celui-ci advienne à partir d’une idée, d’une rencontre. » Les auteurs sont cinq, d’horizons différents mais de la région, ou presque. Ils se sont inspirés du passé et de l’atmosphère des lieux pour donner ces Bijoux d’hiver, quatre textes courts et quelques planches de Guillaume Trouillard. L’étrange « bijou » d’Hervé Le Corre, comme on le sait Grand Prix de littérature policière et prix Le Point du polar européen pour son dernier roman bordelais Après la guerre, s’intitule Histoire d’eau. Il y est aussi question de feu – rien d’un polar, et pas davantage une nouvelle érotique. Le texte de Jonathan Hénault, alias Nathanaël Jo Hunt, pratiquant de l’« écriture compulsive et autofrictionnelle », également éditeur du présent recueil, joue des mots au-delà du titre : anagrammes, anacoluthes, clins d’œil en série et parodie de polar, justement, dans laquelle le narrateur s’interroge – Et Camille dans tout ça ? Nathalie Bernard, devenue auteur jeunesse ailleurs et ici parjure, convoque d’Annunzio et Da Vinci ; Arnaud Cathrine, dont on apprend qu’il est du coin sans en être, les souvenirs d’un temps qu’il n’a pas connu dans l’attente d’une femme qui ne viendra pas – une autofiction, mais graphique, puisque Guillaume Trouillard en est. Quatre écrivains « à contre-emploi », donc, un recueil réussi, le tout à l’enseigne de l’hôtel de la Ville d’hiver.
Bijoux d’hiver, Jonathan Hénault, Hervé Le Corre, Nathalie Bernard, Arnaud Cathrine et Guillaume Trouillard, éditions Bijoux de famille.