mercredi 11 décembre 2013

Le docteur Jekyll and mister Hide de la BD

Sud ouest du jour par Sophie Noachovitch

Installé depuis cinq ans dans le petit village de Pujols-sur-Ciron, Christian Durieux, né à Bruxelles, y croque ses personnages aussi variés que peut l’être un être humain


Les rayonnages de livres et bandes dessinées s’alignent jusqu’au plafond. L’atelier de Christian Durieux est une caverne d’Ali Baba du lecteur. Et il y a son plan de travail. D’un côté, des pots remplis de crayons de papier. De l’autre, l’ordinateur et sa tablette graphique.
Il y a cinq ans, le dessinateur de BD belge quitte Bruxelles où il est né et a toujours vécu. Il choisit de s’installer à Pujols-sur-Ciron. Un passage de la ville à la campagne. Sans transition. « Mon épouse et moi avons fait le choix d’être plus au vert, relate Christian Durieux. Cette décision n’est pas anodine, puisque Bordeaux recèle une pépinière d’auteurs de bande dessinée. On en recense plus de 80. J’en connaissais déjà plusieurs avant de m’installer, les ayant rencontrés sur des salons, notamment au festival de la BD d’Angoulême. »
Christian a toujours dessiné, « comme beaucoup d’auteurs de BD », précise-t-il modestement. À 13 ans, il propose ses premiers dessins au journal de Spirou. « Ils sont refusés, mais l’équipe a été bienveillante à mon égard. La preuve, cela ne m’a pas découragé. J’ai fini par les rejoindre trente ans plus tard ! » Le dessinateur et auteur a aussi collaboré pour le journal de tintin.

La passion de la BD et des histoires lui viennent... de la comtesse de Ségur. « Quand j’étais au CP, j’ai reçu en cadeau pour mon anniversaire un Tintin et Le bon petit diable de la comtesse de Ségur. J’ai adoré cette histoire. Et je crois que c’est à ce moment-là que j’ai décidé de raconter des histoires à travers le dessin, pour associer mes deux passions. » Quelques années plus tard, Christian Durieux en fait son métier, qu’il pratique chaque jour dans « son antre ». En cette fin 2013, Christian écrit et dessine le volume 3 des gens honnêtes.
« Les deux premiers avaient été écrits par Jean-Pierre Gibrat. Malheureusement, cette année, son emploi du temps ne lui permet pas de continuer, aussi m’a-t-il donné champ libre. »
L’histoire, celle d’un homme de 55 ans qui décide de se réinventer une vie, se déroulera à Pujols-sur-Ciron.
« Il ouvre une bouquinerie dans le village, décrit Christian. En fait, elle se trouve dans ma maison. Cela me plaît beaucoup, parce que je donne les noms de copains - mes personnages n’ont pas du tout les mêmes traits ni le même caractère pour ne pas tout mélanger ! Je parle aussi du plaisir de vivre tout simple. »

Et puis, il y a ce deuxième projet. Le Captivé est l’histoire incroyable, mais vraie, écrite par Christophe Dabitch, auteur bordelais. « Il s’est inspiré de l’histoire d’un homme ayant vécu fin XIXe et début XXe, atteint de dromomanie, précise Christian Durieux. Cette maladie mentale le pousse à marcher. Des voix lui disent qu’il faut bouger et il s’en va, prend un train depuis Bordeaux jusqu’à Marseille, de là un bateau jusqu’en Algérie. La BD raconte sa rencontre avec un psychiatre qui décide de le soigner à l’aide de l’hypnose. À travers elle, il nous emmène dans ces voyages. »

Ces différentes BD ont chacune leur spécificité. Les traits des personnages n’ont souvent rien à voir entre eux, mais le coup de crayon de Christian Durieux s’y reconnaît. Parfois dur, parfois rond, le dessinateur avoue avoir souvent eu l’impression de ne pas avoir son propre style.
« Et puis, je me suis dit “tant pis”, je serai le Docteur Jekyll et Mister Hyde de la BD. Finalement, on est tous un peu en contradiction, et cela me permet de raconter des choses très différentes les unes des autres, mais dans lesquelles je me retrouve toujours un peu. »

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