Sud ouest par Par Bruno Béziat et Benoît Lasserre
Le créateur du Chat était hier à Bordeaux à l'occasion de la sortie de son nouvel album. Morceaux choisis
« Le Chat » est de retour à Bordeaux pour son nouvel album. Philippe Geluck, dessinateur belge du fameux personnage devenu un grand succès de la bande dessinée, se trouvait également hier en Gironde pour rencontrer Jean-Christophe Icard, propriétaire du Château de l'Orangerie, qui commercialise des bouteilles au nom du Chat, avec des étiquettes ornées de dessins de Philippe Geluck. Ce dernier, qui dessine également pour le magazine « Terre de vins », a répondu aux questions du Zoom « Sud Ouest »-TV7. Une vidéo à découvrir intégralement sur sudouest.fr
Sud Ouest est le premier quotidien français à avoir publié vos dessins, en 1985, deux ans après « Le Soir », en Belgique. Vous vous souvenez ?
Très bien. C'est une série que j'avais intitulée « L'Humour en 20 leçons ». Il y avait trois cases. Dans ce premier dessin, le Chat disait « Pif », « Paf » et enfin « Pouf », et terminait en déclarant « C'est un bon début. » Je sais que ce n'est pas ce que j'ai fait de mieux, mais il y avait quand même un bon présage. Et je remercie les rédacteurs en chef de l'époque, qui m'ont fait confiance.
Vous êtes de retour à Bordeaux pour votre album, mais aussi parce que vous êtes sur des bouteilles de vin du Château de l'Orangerie ?
Une amitié est née de cette collaboration avec Jean-Christophe Icard. Il a eu la très bonne idée d'appeler ce vin « À la gloire du Chat », ce qui m'a flatté. Il savait me parler. (Il sourit.) Depuis l'an 2000, nous avons travaillé ensemble sur des vins rouges, blancs, rosés. J'essaie d'habiller ces bouteilles en respectant une tradition.
Vous êtes souvent sollicité par des entreprises privées ?
Vous n'imaginez pas - même de la nourriture pour chat, mais je refuse évidemment. En fait, je me suis décidé avec Jean-Christophe Icard parce que c'est un type formidable, extrêmement sympathique. Il est venu me voir en Belgique. Il est doué et dynamique. J'ai eu une rencontre un peu identique avec un chocolatier belge.
Les vins de Bordeaux sont très cotés en Belgique ?
Ils ont une très belle image, et il y a un grand respect pour ces vins. Historiquement, les bordeaux arrivaient par bateau dans les ports de Bruges et d'Anvers, alors que la Wallonie buvait plutôt des bourgognes. En Belgique, nous avons très peu de vignobles, mais beaucoup de buveurs.
Vous avez la réputation d'avoir fait rire Alain Juppé. Ce qui se passe à l'UMP vous amuse ?
Effectivement, je l'avais fait rire sur le canapé de Drucker. Mais je lui avais parlé à l'époque d'un projet d'exposition, et il a été très efficace pour l'organiser. Pour l'UMP, je trouve cela plutôt dramatique. Un pouvoir a besoin d'une opposition, et pour l'instant elle est indigne.
Le Chat est de droite ou de gauche ?
Il est forcément humaniste, plutôt dégagé qu'engagé. Mais il a une sensibilité écologiste. Il rêve à un monde plus juste, un monde dans lequel on défend les plus faibles, ce qui correspond tout de même à une sensibilité de gauche.
Sud ouest par Isabelle Castéra
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Bande-dessinée : rencontre avec Philippe Geluck à Bordeaux
Une file d'attente disciplinée, à peu près longue jusqu'au trottoir de la rue Porte-Dijeaux. Hier après-midi, Philippe Geluck présentait les dernières aventures du Chat, chez Mollat. Le tout dans un ensemble parfaitement bien coordonné. Pas comme à Brives le mois avant. « Il y a même eu un début de bagarre, il a fallu intervenir, raconte l'auteur les yeux ronds derrière ses lunettes rondes. Le salon du livre n'avait pas commandé assez d'ouvrages, les gens ont tout dévalisé. »
Tandis qu'à Bordeaux, Geluck a pu apprécier le fameux flegme. Tout en distinction. Une dame déboule avec la BD sous le bras Le Chat erectus et tape sur l'épaule du dessinateur « Vous allez rire », lui lâche-t-elle. « Non vous », répond Geluck. « Ce livre, poursuit-elle, est pour Jacques, mon mari. Mon mari depuis quarante ans. Alors quand il va voir la couverture avec « '' J'ai le gourdin", il va être très étonné ! » Bon. Et sinon, voilà une autre femme qui souhaite une dédicace pour son frère avec écrit : « À l'homme-chatte ». Philippe Geluck s'exécute, d'autant qu'elle tape du doigt sur la feuille avec insistance. Tout en dessinant, il ose un « vous pouvez m'expliquer ? » resté sans réponse.
Arrive toute énervée une jeune fille. Elle veut un dessin avec écrit « À mon lapin d'amour ». Le dessinateur obtempère et cherche derrière elle, les grandes oreilles. « Il est là ! », clame un grand garçon. Le « lapin » mesure 1,95 m et porte une vis fixée sur l'arcade sourcilière.
Geluck ne bâcle pas
Seul derrière sa table, Philippe Geluck, tel un sportif de haut niveau soutenu par une armée de feutres noirs, ne désarme pas. Un livre, un chat, un livre, un chat. Un chat, une blague. Un verre d'eau. Il croque son double à main levée, un rond plus un rond, une oreille et puis l'autre. ll lève les yeux devant chaque personne, sourit, rit parfois. Les gens ne sont pas avares d'histoires. « Vous voulez bien dessiner des rollers au Chat ? questionne une sexagénaire. C'est pour moi, je fais du roller, mais je tombe parfois. Mais j'adore quand même. »
Le Chat est de gauche
Tout vêtu de noir, Philippe Geluck, d'une sobriété absolue, dispense son humour absurde, sans relâche. Un art de vivre. Chaleureux mais gardant quand même une certaine distance. Il regarde les autres avec intérêt, curiosité et même gourmandise.
À Bordeaux, il reconnaît que « son titre de gloire est d'avoir un jour fait rire Alain Juppé ». Son autre étant de ne plus boire une goutte de vin depuis dix ans. « Pas de chance, je fais partie des 10 % de gens qui fabriquent des gammaGt spontanément, le vin m'est donc interdit à mon grand regret. »
Un comble pour un artiste qui assure l'habillage des bouteilles du château bordelais L'Orangerie… « J'aime le vin, s'excuse-t-il, mais je suis condamné à cracher après l'avoir goûté. Chez les amis ça fait désordre sur la moquette. C'est parce que j'aime ce vin que j'ai accepté l'invitation. Vous n'imaginez pas combien je suis sollicité pour faire de la promotion. On m'a même demandé pour de la nourriture pour chats ! »
C'est le 17e album du Chat qu'il a présenté à Bordeaux hier. Son Chat devenu son alter ego : « C'est moi en pire, lâche-t-il. Ma psychanalyse, mon exutoire, mes peurs, mes joies, mes doutes. Sincère toujours. On m'a souvent demandé si le Chat était de droite ou de gauche. Il est forcément écolo, humaniste, il rêve d'un monde plus juste où l'on défend les plus faibles. Plutôt des valeurs de gauche non ? »