Cousins de 9e art

Sud ouest par Antoine de Baecke

À partir de demain et jusqu'au 19 février, Bord'Images Regard 9 met en valeur les talents croisés de dessinateurs québécois et bordelais.

Bord'Images s'appelle désormais aussi Regard 9. Le rendez-vous de la bande dessinée bordelaise, à l'origine instauré par la municipalité, a évolué, depuis deux ans que l'association 9-33 en a repris les rênes : gérée par des passionnés, elle a pris du punch et s'est ouverte sur la région d'abord, et pourquoi pas sur l'international.
Et puis elle s'appelle maintenant « Bord'Images Regard 9 », et l'an prochain, symboliquement, on retirera sans doute le préfixe « Bord'Images ». « Qu'est ce que ça évoque pour vous, le 9 ? », aime bien demander Éric Audebert, son directeur. La bonne réponse est évidemment « le 9e art ». Une expression qu'il aimerait bien faire passer dans un langage aussi courant que « le 7e art » pour désigner le cinéma. Il est sans doute des causes moins nobles…

Bordeaux Québec et retour
On semble pratiquer avec bonheur, de Bordeaux à Québec, l'échange de talents, les résidences d'artistes et la collaboration culturelle : entre Zebra 3/Buy Self (Fabrique Pola) et le centre Clark de Montréal, ou encore la Rock School Barbey et l'Ampli de Québec qui en est directement inspiré… En cette année 2012 qui verra la célébration des 50 ans de jumelage entre la capitale aquitaine et la ville de Québec, Bord'Images-Regard 9 ne pouvait en être qu'un nouvel exemple.
D'autant que l'on célébrera aussi les cinq ans des Résidences croisées Aquitaine-Québec, fruit de la coopération entre l'agence culturelle aquitaine Ecla et l'Institut Canadien de Québec…
Ce dispositif a permis aux 11 auteurs invités cette année de se rencontrer sur le terrain d'en face, formant des binômes de hasard selon les années. Et de se rendre compte sans surprise que le fait de travailler le dessin dans des styles souvent radicalement différents n'empêche pas de sympathiser.
« Il s'agit plutôt de résidences "de respiration" pour les artistes, estime Éric Audebert. Elles leur permettent de s'extraire de leur contexte, sans une contrainte de production »… Comme si l'on pouvait empêcher un dessinateur de dessiner.

« Lucha Grafika »
C'est la rencontre de ces styles graphiques et narratifs qui font le sel de l'exposition qui sera présentée à l'espace Saint-Rémi : chaque auteur revisite une planche de son binôme dans la plus totale liberté, qu'il choisisse de n'en retenir qu'un détail ou conserve le découpage exact. « Le hasard a bien fait les choses, sourit Éric. Les duos fonctionnent parfaitement bien. »
Ce sont, respectivement face à face, les Bordelais Didier Cromwell, Anton, Laureline Matiussi, Jérôme Daviau et Vincent Perriot ; et les Québécois Pascal Girard, Pierre Bouchard, Djief, Francis Desharnais et Philippe Girard.
Pour Johanna Schipper, c'est différent. La dessinatrice voyageuse a choisi lors de sa résidence de rencontrer, plutôt que des collègues, les communautés Inuit du Nunavik. Elle en a tiré un journal de bord, qui fait l'objet de l'exposition présentée à l'Hôtel de Région. Quant aux différentes bibliothèques de Bordeaux, elles accueilleront les planches originales des onze auteurs invités.
Selon les principes éprouvés sur le terrain par 9-33, une série d'événements rythmeront ces deux semaines : conférences autour de la BD, rencontres avec les auteurs, lectures dessinées ou concerts dessinés, « Lucha Grafika » ou lutte graphique par équipes nationales…
Le visiteur est aussi invité à participer activement, comme lors des apéros BD que l'association anime en cours d'année : des ateliers avec les dessinateurs pour personnel enseignant, ou dits « Do it yourself » pour s'initier aux techniques anciennes et modernes de la BD, donneront matière à une exposition.