On insiste beaucoup sur le fait que Bordeaux (et sa région) est une terre de dessinateurs. On oublie un peu les fabriquants de livres de bandes dessinées qui, s'ils ne sont ni Dargaud ni Soleil, rassemblent aussi des feuilles pour en faire de beaux objets.
On peut regretter que Le cycliste ai mis la béquille et que Charette ne donne plus de nouvelle. L'édune, sangam mais surtout La cerise et akileos poursuivent la route.
La cerise mijote un Clafoutis pour Angoulême...
Et akiléos poursuit ses traductions de comics (mais pas que), dont Age of bronze, épopée de l'américain Shanower (qui vient fêter ses 47 ans en France et qui était la semaine dernière à BD Fugue), que Christophe Loubes à rencontré pour Sud-ouest...
La guerre de Troie sans fard
Des scènes de guerre d'une violence crue, sans doute plus proches de la vérité historique que les épopées classiques.
Le titre de cette série BD devait être Troie - déjà pris. Va pour L'Âge de bronze, titre aux connotations préhistoriques. « Mais c'est une histoire préhistorique, revendique l'auteur, l'Américain Eric Shanower. La guerre de Troie, si elle a eu lieu, s'est produite au XIIIe siècle avant notre ère, à une époque beaucoup plus rude que celle de la Grèce classique, et dont on n'a pas de traces écrites puisque L'Iliade n'a été rédigée que cinq siècles plus tard. »
Violent, cru, en même temps qu'animé d'une vitalité éclatante, le récit que livre Eric Shanower du conflit ayant opposé la cité d'Asie Mineure aux rois achéens a reçu aux États-Unis deux Eisner Awards, la plus prestigieuse récompense pour une bande dessinée. En France, c'est Akileos, éditeur basé à Talence, en Gironde (1), qui se charge de la traduction et de la distribution de cette œuvre titanesque : le quatrième volume, sorti la semaine dernière, n'est que la deuxième partie du troisième tome. Il doit y en avoir dix au total, pour une série qui ne s'achèvera pas avant 2020 !
Recherches poussées
« J'ai constamment de nouveaux éléments à intégrer dans l'histoire, s'excuse presque Eric Shanower. Je suis constamment en quête de nouvelles sources. » Loin d'être une simple transcription de L'Iliade, L'Âge de bronze s'appuie en effet aussi sur les tragédies d'Eschyle, d'Euripide et de Sophocle, qui reprennent les mythes homériques, ainsi que sur des recherches pointues auprès d'archéologues.
Le dessinateur manifeste le même souci de véracité quand il représente des navires ou des vêtements du XIIIe siècle avant notre ère que quand il essaie de se fondre dans le système de valeurs de cette époque, étrangère à la culture judéo-chrétienne. Ici, piller une ville, estropier des ennemis ou violer leurs femmes sont des actes vécus comme normaux. Les protagonistes sont mus par un appétit de gloire qui leur fait accepter leur mort et par une croyance viscérale en des dieux qui ignorent l'amour du prochain. Même si - différence notable avec les textes originels - ces dieux n'apparaissent jamais.
« Toute l'histoire se situe à une échelle humaine, souligne Eric Shanower. Je ne prends pas de plaisir à montrer des choses horribles. J'essaie juste de comprendre comment des personnages qui, par ailleurs, se montrent souvent tendres, émouvants, peuvent commettre de tels actes. » Il y parvient d'autant mieux que chacun de ses dessins est une merveille de précision et de composition, un fourmillement de détails magnifié par une utilisation très intelligente des zones d'ombre et de lumière. D'une contrainte technique - dessiner en noir et blanc afin de publier chaque volume le plus vite possible -, Eric Shanower a fait un atout.
(1) L'Âge de bronze. Trahison, deuxième partie, éd. Akileos, 128 p, 15 €
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