samedi 22 décembre 2012

Le pèlerinage québécois de Jean-Jacques Rouger

Sud ouest par Thierry Chatelier
Le coloriste Jean-Jacques Rouger va partir en résidence au Québec pour travailler sur un projet de bande-dessinée


Il a mis en couleur une vingtaine d'albums, apposé sa signature avec celles de Pacal Rabaté, David Prudhomme ou Nicolas Dumontheuil, travaillé pour les Humanoïdes Associés, Casterman, Futuropolis ou Glénat. Coloriste depuis onze ans, Jean-Jacques Rouger, 41 ans, s'est fait un nom dans le milieu de la bande dessinée. Une carrière menée avec sa compagne Isabelle Merlet, elle aussi coloriste, à l'écart du monde, entre vieilles pierres et vignobles, dans leur maison de Saint-Gervais. « Mais ce que j'ai toujours voulu faire, c'est écrire un album », confie l'ancien élève des Beaux-arts de Dijon et d'Angoulême.
Après une première expérience d'auteur, et l'adaptation BD de Tartarin de Tarascon dans le cadre d'une série autour des grands classiques de la littérature initiée par Delcourt en 2009, Jean-Jacques Rouger a été choisi par Ecla (écrit cinéma livre audiovisuel), l'agence culturelle du Conseil régional, pour s'envoler deux mois en résidence à Québec au printemps prochain. « Je vais pouvoir développer mon projet personnel. J'aurai un appartement, un ordinateur, la possibilité de travailler avec des auteurs BD », explique Jean-Jacques Rouger qui, en contrepartie, devra répondre à quelques sollicitations

Pèlerins, chevaliers, dragons
Une immersion totale pour se consacrer à son scénario. Dans l'esprit fertile du créateur, fourmille un monde peuplé de pèlerins, de personnages en épée, de monstres… « J'ai une passion pour le Moyen Âge et les enluminures. Au départ, j'avais imaginé un personnage qui se rendrait en pèlerinage au Mont Saint-Michel. Cela fait dix ans que j'ai ça dans un coin de ma tête », explique le dessinateur qui n'en finit plus de nourrir sa réflexion. « Je me documente beaucoup. »
De cet univers foisonnant, il veut tirer un fil narratif. Et, pour ajouter un peu plus au vertige de la création, bâtir un récit en octosyllabes. « Ça donne un rythme, une poésie, un décalage. Ça peut nourrir l'imagination, car il y a l'obligation d'avoir une rime. »
Deux mois ne suffiront pas à enfanter un album. « Ça permet de se constituer une petite base. Ensuite, je peux démarcher des maisons d'édition. L'avantage est que mon travail de coloriste me permet de bien les connaître. »
Pour renouer avec sa vocation d'auteur, Jean-Jacques Rouger aura remonté le courant pendant vingt ans. « Quand j'étais à Angoulême, c'était déjà mon idée, mais je n'étais pas content de mon projet. » Son rêve mis entre parenthèses, il prend des détours, des chemins de traverse mais ne quitte pas les planches à dessin : service civil au Centre national de la bande dessinée d'Angoulême, ateliers d'initiation au dessin en région parisienne, réalisation de décors pour la série « Shéhérazade » sur France 2.
« Il y a eu un tournant informatique. C'est à ce moment que je me suis formé et que je suis devenu coloriste. » C'est lui qui va initier et aider sa compagne à passer du crayon à la souris. « On travaille chacun sur nos projets, mais on s'aide mutuellement. »
En jetant un œil à la fenêtre, dans leur bureau du premier étage, ils apprécient, en connaisseurs, les dégradés de couleurs des ciels changeants. « On assiste aussi à de magnifiques couchers de soleil. » Au Québec, c'est un monde tout blanc qui attend Jean-Jacques Rouger : « Il parait qu'il faut pelleter devant le studio pour enlever la neige. » Il s'en délecte déjà.

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