Les dessinateurs Marc Large et Dilem ont parlé de leur travail.
Sud ouest par Sabine Menet
Dans le cadre des Tribunes de la presse, les dessinateurs Marc Large et Dilem ont échangé hier avec le public. Le premier travaille pour « Sud Ouest » et « Siné Mensuel ». Le second pour le quotidien algérien « Liberté ».
Deux regards croisés sur l'actualité et deux parcours de vie.
Après le dessin réaliste et la BD, Marc Large a travaillé six ans sur une chaîne du câble où il réagissait en temps réel. « J'aime ce côté one shoot » a-t-il expliqué en précisant que l'élection de Sarkozy en 2007 l'avait motivé pour faire du dessin de presse. Choqué par l'éviction de Siné de « Charly Hebdo », Marc Large lui envoie un dessin de soutien. Depuis, il collabore à « Siné Mensuel ».
Dessiner la guerre civile
Étudiant en électronique dans les années 80, Dilem (de son nom Ali Dilem) vit les soulèvements d'Algérie. Quand la presse indépendante émerge, il caricature pour la première fois le président Chadli Bendjedid. « Vu les réactions, il y avait quelque chose à creuser », dit-il. S'en suivent les quinze années de guerre civile.
« C'est difficile d'exercer ce métier dans l'instabilité quand il faut réagir à un événement et que cet événement met en scène des centaines de personnes égorgées… » Et Dilem de ne pas se revendiquer comme transgressif. « À ce moment-là, je vengeais une génération de jeunes qui ne pouvait pas s'exprimer. Ce qui m'a valu quelques problèmes. »
Si, au cours de l'échange, Marc Large a rappelé qu'il était simple d'être un dessinateur satyrique en France (« au pire je risque un contrôle fiscal, pas ma vie »), Dilem réfute l'idée selon laquelle être menacé signifie automatiquement être méritant. « Ça dépend ce que vous faites. »
Des dessins identitaires
Les deux hommes ont parlé de leur façon de travailler. « Je dessine tous les jours », a précisé Marc Large. « Je me méfie de l'idée instantanée. Il n'y a jamais de plagiat dans le dessin de presse. Souvent on a la même idée, idée souvent facile… »
Pour Dilem, l'actualité est suffisamment riche pour pouvoir, chaque jour, trouver un dessin. Un dessin qu'il cherche le plus identitaire possible. « Il faut qu'en le voyant on reconnaisse le dessinateur », dit celui qui, pourtant, se fait plagier dans son pays. « En 1998, un général a trouvé un dessinateur qui faisait la même chose que moi, dans son journal et à sa gloire. »
La religion, les caricatures et l'islamisme ont été récurrents dans les échanges. « Il faut revendiquer le droit au blasphème », affirme Marc Large. « Par définition, ce qui est tabou aujourd'hui ne le sera plus demain », rappelle Dilem. Et les deux hommes de reconnaître que ce qui reste le plus difficile à illustrer est le conflit israélo-palestinien.
Les Tribunes de la presse se terminent aujourd'hui samedi. Deux nouveaux ateliers sont proposés : le matin à 10 heures sur les ONG et la presse et l'après-midi à 14 h 30 sur l'Algérie et le Maroc, la presse et les « lignes rouges ».
Côté débats, à 10 heures, il sera question du retour à la démocratie, à 11 h 30 des médias et, à 14 h 30, de la question « Vivons-nous en démocratie ? ».
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