mardi 26 janvier 2016

Bordeaux hits/BD

Dans Direct Bordeaux 7 du jour

Marion Duclos à la conquête de l’Ouest
Belle cuvée bordelaise dans les sélections pour le Festival d’Angoulême, le week-end prochain. Au rayon jeunesse, c’est un “coup d’essai-coup de maître” qu’a réussi Marion Duclos avec son « Victor & Clint », son tout premier album complet.
Sa bio officielle raconte qu’« en 1984, Marion a 3 ans, elle décide qu’elle sera ingénieur des zoos et forêts à cheval ou égyptologue ». Finalement ses études la mèneront à la science des rivières... qu’elle abandonnera à 25 ans pour se lancer dans la BD. Dix ans plus tard, certes, elle n’en est pas à son réel coup d’essai mais c’est surtout au sein d’albums jeunesse illustrés (le docu-BD « Les Cro-magnon » par exemple) ou d’ouvrages collectifs (« Hendrix en BD », « Brel, des nouvelles d’en bas » qu’on a pu avoir un aperçu de son coup de crayon et de sa patte de coloriste. Ses propres oeuvres, elle les mûrissait patiemment dans son coin.
Son projet fétiche « Ernesto », sur la vie d’un vieil exilé du franquisme espagnol, lancé en 2006, va à son rythme (on peut en voir quelques planches sur son blog*). « Victor et Clint » naissait en 2011, comme une respiration. Bien lui en a pris.
Pas que pour les mômes
La fan de western a imaginé ce jeune ado, Victor, si imprégné de Far-West qu’il y vit sous le nom de Clint (« rien à voir avec cette fillette d’Eastwood» ) une vie imaginaire... ou presque. Avec Albert son chien) presque aussi doué de la gâchette que lui, il va tout tenter pour récupérer Colonel Banjo, sa monture (son vélo), détenu par les frères Ringo (les deux affreux de l’école). Heureusement, il pourra compter sur quelques appuis précieux dont Willy Brown (un vieil ivrogne du quartier) et le vieux shériff (son papa). Mais gare à la Lady (sa maman) qui veille au grain !
Sous un trait vif et simple au premier abord, ressort un gros travail sur la couleur et la composition des planches, qui permet à Duclos de brouiller les pistes jusqu’au bout : est-on dans le vrai ou le rêve ? Un petit jeu savoureux pour une histoire à la narration proche du conte pour aborder sans trop en avoir l’air les grandes questions : la vie (la vraie), la mort, la famille, l’autorité, l’amitié...
Surtout, l’album brille par ses textes, rudement bien troussés et truffés de références, offrant plusieurs degrés de lecture. À se demander s’il n’aurait pas pu aussi trouver sa place dans la sélection adultes d’Angoulême. Dans la bibliothèque, on aura le choix. •
par Sébastien Le Jeune

Paci-fique que ça
Encore deux Bordelais à avoir les honneurs de la sélection officielle d’Angoulême : Vincent Perriot et Isabelle Merlet. On avait chroniqué dans ces colonnes le premier tome de ce tryptique « Paci » (notre édition du 27 mars 2014), nerveux démarrage pour un anti-héros rattrapé par son passé sitôt sorti de tôle. Dans le deuxième, on quittait le havre relativement serein de Bacalan, direction Calais et le coeur du trafic de came. Et voilà l’épilogue, à la violence toujours crescendo, au héros toujours aussi taiseux... Quelques mystères se dissipent, le passé revient au galop et tout semble s’assembler enfin... jusqu’au final coup de poing. De la surprise, encore, de la maîtrise toujours, dans ce polar rythmé à souhait où les 240 pages trouvent une unité toute particulière par la force du dessin de Perriot riche... dans l’économie. Suffisamment en tout cas pour laisser à Merlet une nouvelle occasion de montrer qu’elle est l’une des meilleurs coloristes de l’Hexagone. • SLJ

Marée dans l’année
Et de trois : toujours en sélection adultes, les vacances pas comme les autres mais un peu quand même de David Prudhomme et Pascal Rabaté. Les lecteurs de « Sud Ouest » avaient eu la chance de le découvrir tout l’été dans les pages du quotidien. Et ce rythme allait bien à ces chroniques douces-amères du quotidien de plagistes, à l’humour constant – plus proche de Jacques Tati que de « Camping ». Conçu et dessiné « à deux têtes et à deux mains (une gauche et une droite) », l’album cultive les originalités et les trouvailles. Graphiques, avec ces deux plumes qui se répondent et se complètent sans cesse. Scénaristiques, l’ensemble étant imaginé comme un unique plan-séquence, une enfilade de saynètes toutes savoureuses à souhait : ça sent le vécu, le vôtre, le nôtre, celui de tout élu des glorieux congés payés en station balnéaire. Et ça fait bien... marée. • SLJ

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