mardi 2 octobre 2012

Bande dessinée : un Bordelais signe un épisode de la saga XIII

Sud ouest par Philippe Belhache

« Bonjour. Est-ce que cela vous dirait de travailler sur une série dérivée de XIII ? » Coup à l'estomac. Richard Guérineau s'en souvient encore. Nous sommes en 2008. Le graphiste bordelais, investi sur sa série phare, Le Chant des Stryges, n'est pas libre. Qu'à cela ne tienne ! L'éditeur lui donne du temps. Un XIII, ça ne se refuse pas ! Quatre ans plus tard, le livre est là, sur sa table, fruit de sa collaboration avec le scénariste parisien Fabien Nury.
« Le principe est simple, explique Richard Guérineau. Chaque auteur s'empare d'un personnage secondaire de la bande dessinée culte de William Vance et Jean Van Hamme pour lui donner une histoire, une épaisseur. » Il a le coup de cœur pour Steve Rowland. « C'était lui et pas un autre. »
Steve Rowland ? Les fidèles de la série ne connaissent que lui. C'est l'homme derrière le fusil, le tueur de « Soleil noir », nom de code de l'opération visant à assassiner le président des États-Unis. Le XIII originel, celui dont le héros titre prend le visage, l'identité et le numéro pour démasquer les membres d'une conspiration d'extrême droite, avant de perdre la mémoire dans un guet-apens.
« Rowland est le double négatif de XIII, commente Fabien Nury. C'est un salopard. Un paumé éduqué par un fasciste, qui devient lui-même un fasciste et un tueur. Il y avait un côté transgressif à s'emparer de ce personnage. Il a le visage de XIII, la femme de XIII, le numéro tatoué sur la clavicule… » Il ne lui manque que la mèche décolorée par la balle que le héros a reçue dans la tête. « C'est un jeu avec le mythe. J'ai pu recréer librement l'itinéraire de Rowland tout en créant des connexions avec quelques-uns des albums les plus importants de la série. »

La tête du client
Richard Guérineau s'est lui aussi confronté à un double défi. Se glisser dans les pas de William Vance tout en affirmant son identité graphique. « Vance nous a laissé une grande liberté, raconte-t-il. Le cahier des charges, d'ailleurs, était clair. Je devais faire du Guérineau, pas du Vance. J'avais malgré tout la pression. Je le savais sensible au réalisme des décors. J'ai fait un gros travail de documentation pour le satisfaire. »
La pression était réelle. D'autant que Richard Guérineau, à son grand dam, ne parvenait pas à faire un Rowland ressemblant. « C'est le sosie de XIII, le personnage central de la série, je n'arrivais pas à le saisir, soupire-t-il. C'était l'horreur. J'ai fait des essais. J'ai recopié le personnage un nombre incalculable de fois. J'ai fini par laisser tomber pour finir d'autres travaux. Quand j'ai repris, c'est venu tout seul. » Le travail a payé. Un vrai soulagement. Car il devait également s'emparer de nombreux autres personnages de la série. « Nous avons joué le jeu à fond. Nous avons mis en place un maximum de références à la série mère. »

Steve Rowland sera disponible vendredi. Richard Guérineau, lui, s'envole ce mardi pour Bruxelles pour la promotion du titre. L'espace d'un album, il est entré dans la légende de XIII.

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