dimanche 3 octobre 2010

Le duo-star du « Chant des Stryges »

Sud-ouest par Yannick Delneste

Corbeyran et Guérineau attaquent la troisième saison de leur série à succès.
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Photo : Laurent Theillet

C'est un phénomène d'édition, l'un des fleuron des éditions Delcourt depuis treize ans et 13 tomes. Le Chant des Stryges, saga fantastique autour du mythe de la créature vampire, tient en haleine ses lecteurs qui chaque année, attendent les suites des aventures de Debrah, « L'Ombre », et de sa lutte acharnée contre les Stryges. Derrière ce succès à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, deux Bordelais : Éric Corbeyran au scénario et Richard Guérineau au dessin. Les deux gars se rencontrent à l'occasion d'un concours de BD à la Fnac de Bordeaux : Corbeyran est déjà dans le jury qui désigne l'étudiant Guérineau vainqueur. Un an plus tard, ils mettent en chantier chez Dargaud L'As de pique, série d'aventures mettant en scène dans les années 20, les enquêtes d'un ancien aviateur de 14. « Au bout de trois tomes, on n'avait pas vraiment touché un grand public… », euphémise Corbeyran. À la prochaine.


Dernière saison d'action
Deux ans plus tard, c'est la bonne : ils croisent leurs listes d'envies d'écriture. « Fantastique, polar, noir et contemporain », égrène Richard. Nous sommes en 1995, « X-files » fait un carton. Ils créent ensemble la trame d'un récit où l'histoire des humains serait écrite et contrôlée par des monstres ailés aux pouvoirs surnaturels. Le personnage du stryge est une légende présente dans nombre d'écrits, allant d'Ovide à Victor Hugo : va pour Le Chant des Stryges.
La première saison d'installation, très marquée par la théorie du complot n'est pas de suite un succès : « C'est au quatrième tome que nous avons senti le déclic », se souvient Corbeyran. Une adhésion qui ne sera jamais démentie au fil des huit autres tomes annuels. « Le succès vient d'abord de notre entente parfaite », souligne Guérineau. « Nous fonctionnons en confiance totale, et avons la même vision de la série. »
Après une seconde saison plus réflexive où se révèlent les personnages clés et leurs desseins diaboliques (pas vrai, M.Weltman ?), la troisième sera bien la dernière, foi de Corbeyran-Guérineau. L'action y reprend pleinement ses droits, Pouvoirs s'ouvrant par exemple et à l'instar de l'épisode originel sur un moment fort et marquant : un attentat spectaculaire sur les cinq premières pages.
Près de vingt ans après leur premier contact, Corbeyran et Guérineau parlent de leur « couple » avec la fraîcheur de ceux qui savent encore se surprendre. Corbeyran admire chez Guérineau « la clarté narrative, l'expressivité des personnages, des dessins complexes et concis à la fois ». Guérineau vante chez Corbeyran « des dialogues accessibles et réfléchis, sa souplesse d'adaptation avec les dessinateurs, son sens du récit. » Artistiques tourtereaux que ces deux-là qui reconnaissent que « l'on s'entend d'autant mieux que le succès est là » et assument leur fonction de divertissement.

Poser des questions
Cinq années séparent les deux quadragénaires au bénéfice du dessinateur. L'un est un scénariste très sollicité et très productif, allant avec une même envie d'une série sur le vin à des Paroles de taulards. L'autre concentre essentiellement son dessin sur les Stryges.
Reconnaissance de leurs talents respectifs : ils ont été choisis à quelques mois d'intervalle, pour collaborer à la prestigieuse série XIII. Émigrés tous les deux à Bordeaux à la fin des années 80, ils ont pensé dès le départ la série des Stryges en 18 volumes, « un luxe que nous n'aurions plus aujourd'hui », souligne Corbeyran. Les deux lascars annoncent une dernière ligne droite strygienne « métaphysique ». Mais croient-ils à ce qu'ils racontent ? « Mine de rien, on pose beaucoup de questions sur l'humain, sans pour autant avoir la réponse », dit Guérineau.
Corbeyran, lui, paraphrase Spielberg, modèle avoué des deux artistes : « Je ne crois pas aux Stryges mais je crois aux gens qui y croient. »

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