lundi 21 juin 2010

Deux auteurs de BD à Lesparre : « pourvu que ça plaise ! »

Sud-ouest par Maud Rieu

Samedi, les dessinateurs et auteurs de BD, Sully et H. Tonton, étaient à Lesparre. L'occasion de confronter deux personnalités évoluant dans cet art.

H. Tonton dédicace Petits Bonheurs, son dernier album. photo M. R.

Quand deux auteurs de BD sont présents le même jour à Lesparre pour dédicacer leur dernier album, on peut croire au hasard. Pourtant, même si Sully et H. Tonton ne s'étaient pas concertés pour le choix de la date, leur présence simultanée dans la cité lesparraine n'est pas une pure coïncidence. Le premier, Sully, fait partie de BDM 33, l'association médocaine dédiée à la BD. Samedi, il présentait Kikouyou a disparu, son deuxième album, à la Maison de la presse. Le second, H. Tonton, était, lui, invité par BDM 33 pour présenter son cinquième et nouvel ouvrage, Petits bonheurs, durant une séance de dédicaces à l'espace culturel de Leclerc.

Un Sully en retenue
11 heures, à la Maison de la presse. Dans l'entrée, quasiment plongée dans le noir, Sully prépare une dédicace d'avance, seul à une table. Les clients gravitent autour, s'arrêtent, feuillettent l'album et repartent. Le lieu est peu adapté à une telle prestation, mais cela ne semble pas le gêner. Timidement, il parle de son dernier opus. Les aventures de Caboche le chien bleu, Achille le gorille mauve, Kikouyou le singe noir et Gribouille le perroquet gris du Gabon. Une BD « destinée avant tout aux enfants. Enfin, aux adultes aussi, pourquoi pas, s'ils veulent la lire ! »
Dans le premier tome, les personnages évoluaient en Afrique. Ils se retrouvent maintenant chez les hommes préhistoriques et finiront au pôle Nord, dans le troisième album. Jouant discrètement avec son crayon, Sully est clairement plus à l'aise plongé dans ses dessins que lorsqu'il doit se livrer. Méticuleusement, il parle de sa technique picturale. À la colorisation sur ordinateur, il préfère les « vraies couleurs, faites à la peinture, comme avant. Les couleurs d'ordinateur sont trop plates, avec la peinture, on peut donner de la lumière, des contrastes ». Il arrive maintenant à vivre exclusivement de son art, après avoir dû concilier dessin et jobs alimentaires durant quelques temps. Sans éditeur, il écume les salons littéraires du grand Sud-Ouest pour vendre et se faire connaître. « Je ne suis pas associé aux nombreux dessinateurs présents à Bordeaux. Je suis dans une voie beaucoup plus personnelle. »

Un H. Tonton critique
Autre lieu, autre ambiance. H. Tonton est, lui, à l'espace culturel de Leclerc. Il achève une dédicace dessinée pour un père de famille, déjà une autre cliente fait la queue. Au centre d'un espace éclairé, mis en valeur, ce matin Tonton a plus de chance que Sully. Son album, Petits bonheurs, traite de l'occupation allemande de mai à août 1944 dans un petit village du Lot-et-Garonne, à travers le regard de deux enfants. « La BD vise un public plutôt adulte. J'aime l'idée que les narrateurs soient des enfants. Souvent, ils sont plus directs dans leur discours, moins chiants même. » Il sait de quoi il parle : lui-même père, il est également enseignant à mi-temps « pour s'assurer un salaire, mais aussi parce que j'aime ce métier ! » Il a appris le dessin seul et dit « sursauter » quand il revoit ses tout premiers albums. Le resto BD de la veille lui a permis de rencontrer un public, de rencontrer son public, « pour évoluer, se confronter à l'avis des gens, mais aussi pour leur faire découvrir ma méthode de travail ». Un exercice auquel H. Tonton s'est prêté aisément selon Robert Charron, visiblement emballé par son travail.
C'est pourtant Sully, le moins loquace des deux, qui arrive le mieux à résumer la passion qui les meut : « On peut dire que ce que je fais, ça marche. Enfin, c'est pas que ça marche, c'est que ça plaît. » Et c'est là l'essentiel.

bdm 33 : bd et médoc
À l'origine de BDM 33, il y a un enseignant, Robert Charron, passionné de bandes dessinées. Il crée son association en 2004 pour développer la lecture par le biais de la bande dessinée dans le Médoc. Animations en milieu scolaire, rencontres entre les professionnels et leur public lors de Restos BD, organisation des Estivales de la BD à Montalivet (17 et 18 juillet cette année), l'association, qui compte 70 adhérents, est très active. De quoi satisfaire Robert Charon, qui voit « la BD non seulement comme un objet de lecture mais aussi comme un objet d'art et d'éveil : décrypter les images autant que le texte permet d'aiguiser sa pensée ! »

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