Sud ouest de ce jour
BASSENS, BANDE DESSINÉE.
La Toulousaine Lucile Gomez, artiste en résidence pour trois mois dans le cadre du festival « Bulles en Hauts de Garonne » vient d'arriver sur la rive droite. Rencontre.
Elle devrait être en Argentine à l'heure qu'il est. Elle a vue sur la zone industrialo-portuaire de Bassens. Lucile Gomez est pourtant ravie d'être là, encore surprise d'avoir été retenue par le festival pour succéder à Jean-Luc Loyer en tant qu'artiste en résidence sur la rive droite et en amont de « Bulles en Hauts de Garonne » qui seront soufflées les 27 et 28 mars prochains.
« Une amie vivant à Bordeaux m'a parlé du festival qui accueillait quelqu'un chaque année, alors j'ai postulé sans vraiment y croire », raconte-t-elle. « Et puis me voilà ! » La longue jeune fille blonde prend ses marques dans les accueillants locaux de la médiathèque bassenaise qui sera son quartier général pendant ces quelques mois de résidence.
Elle y rencontrera d'abord beaucoup de jeunes gens : des élèves de l'école primaire jusqu'au lycée, participant aux parcours BD instaurés depuis de nombreuses années en amont du festival. Près de 2 000 curieux sur les quatre communes de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont sont en effet engagés dans ces ateliers. Lucile Gomez animera pour eux des « master-class » où elle expliquera sa façon de travailler, où elle dessinera en direct, créant un strip par exemple.
Desseins et des seins« C'est la première fois que je vais faire ça », annonce l'artiste de 29 ans aux seulement deux albums. L'histoire de Lucile s'est accélérée en 2005 : elle sort alors de l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'arts et monte avec ses copines de promo éparpillées en France un fanzine numérique : « Desseins » qui, de son propre aveu, évoque plus la condition féminine de la totalité de ses membres que les variations sur le concept de résolution ou de détermination. « Nous annoncions même une parution... menstruelle », souligne-t-elle. « Mais nous avions un boy du mois, un auteur masculin qui venait contribuer : nous n'étions pas sectaires... » Ouf.
Le thème du premier numéro se trouve être celui des seins et la contribution de Lucile est repérée par un éditeur bordelais, Le Cycliste, qui lui propose d'en faire un album. « Des seins : un regard de fille » sort en septembre 2006. Lucile Gomez y (ra) conte les affres d'une fillette-garçon manqué qui voit bientôt, genre autour de 12-13 ans, changer le regard de ses copains de jeu sur elle et sa poitrine naissante. Parabole éternelle.
« J'ai plongé ainsi dans le monde la BD que je ne connaissais pas », poursuit-elle. « Les salons, Angoulême, Saint-Malo et une communauté assez sympa. J'avais conscience aussi que je surfais sur une mode : celle des filles jusque-là rares dans le genre. » Lucile est alors sollicitée par l'Écho des savanes qui, à l'époque, désire « féminiser l'humour » du magazine. Vaste chantier... Elle côtoie quelque temps Vuillemin et d'autres plumes historiques du magazine mais le projet, au fil des rachats (Albin Michel, Glénat, Drugstore) n'aboutit pas.
De Belle Lurette à Kramix
Mais Drugstore lance Lucile sur un deuxième album : « Les Fables de Belle Lurette », un personnage « assez autobiographique » en proie aux doutes d'une jeune fille moderne : « travailler sans se faire exploiter, être féminine sans paraître allumeuse, etc. » Des chroniques mais bien des fables, Lucile présentant un texte entièrement fait de rimes. On retrouvera les dessins simples aux dialogues savoureux de Lucile Gomez ce mois-ci : le 22 janvier, sort « Kramix », magazine belge de BD dont le premier numéro a pour thème... les filles. Lucile y développera pour trois numéros au moins les aventures de Bretzelle et Baba, deux filles à la trentaine que tout oppose mais...
Quand on lit Lucile Gomez, on pense forcément à Brétécher (qu'elle adore) pour cette dimension de chronique moderne de la féminité. Elle cite aussi Franquin, Sempé, Bill Watterson (« Calvin et Hobbes ») ou encore Frederik Peeters. Elle dessine toujours au crayon et colorie au numérique, a découvert récemment avec plaisir le quartier bordelais de La Bastide, trouve une « plus grande envergure » à la ville girondine qu'à son « village » toulousain. Et a hâte de sillonner la rive droite. La résidence est bien partie.
Comme Jean-Luc Loyer l'année dernière, Lucile Gomez jalonnera ses semaines de résidence par des interventions en milieu scolaire, des master-class à la médiathèque de Bassens notamment... et des dessins dans « Sud Ouest ». Chaque jeudi, elle nous offrira un dessin, comme un reflet de son expérience sur la rive droite et l'agglomération bordelaise qu'elle découvre. Scènes de la vie ordinaire, impressions girondines, évocation de ses interventions : Lucile Gomez a carte blanche pour parler de son expérience d'artiste en résidence.
Lucile Gomez sera l'une des nombreuses invitées du festival « Bulles en Hauts de Garonne » qui se déroulera donc le dernier week-end de mars dans le parc du château Séguinaud à Bassens. Débats, performances, rencontres, ateliers et bien sûr dédicaces émailleront ces deux jours d'un festival qui avait accueilli près de 6 000 personnes l'an dernier à Lormont.
Auteur : yannick delneste
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