Sud ouest de mercredi
Depuis 2003 l'éditeur partagé entre Talence et Paris suit son bonhomme de chemin. Avec quelques succès à la clé.
Depuis 2003 l'éditeur partagé entre Talence et Paris suit son bonhomme de chemin. Avec quelques succès à la clé.
L'année 2010 verra-t-elle Akileos franchir un seuil ? L'actualité immédiate de cet éditeur de bande dessinée partagé entre Paris et Talence est en tout cas riche : Hector Umbra figure dans la sélection d'albums susceptibles d'être primés ce week-end à Angoulême; Whiteout a été adapté au cinéma cet automne, et si le film n'a connu qu'un maigre succès, il a quand même entraîné un retirage de la BD et la venue en France, cette semaine, de son dessinateur, l'Américain Steve Lieber (1).
Et dans le domaine des art books, ces beaux livres qui présentent le travail des illustrateurs, Akileos vient de réussir quelques jolis coups. En particulier un ouvrage très réussi sur Peter de Seve, l'illustrateur américain qui a créé les personnages de L'Age de glace et qui a illustré de nombreuses couvertures du « New Yorker ». L'éditeur le publie en France mais aussi aux États-Unis.
Des comics en français
Moitié girondine d'Akileos, Emmanuel Bouteille ne se monte pas du col pour autant. « 4000 exemplaires aux Etats-Unis, c'est une goutte d'eau, admet ce trentenaire poli et souriant. Et en France, quand on retire 5000 albums de Whiteout, on est loin des 1,8 millions du dernier Titeuf. Mais on en a quand même déjà vendu 4000. On n'a pas les mêmes moyens que Glénat ou Dargaud, mais en n'étant que deux associés, sans salarié, on retombe plus facilement sur nos pieds. »
Emmanuel Bouteille, à Talence, et Richard Saint-Martin, à Paris, assurent ainsi à la fois la direction éditoriale, la comptabilité, les maquettes ou la promotion. « On se charge même de la traduction quand on adapte des BD américaines. » C'est par là qu'Akileos a commencé en 2003, quand ces deux anciens libraires de la Fnac Saint-Lazare ont tenté l'aventure de l'édition avec juste 45 000 euros en poche. Lecteurs de comics en VO, qu'ils achetaient dans les librairies parisiennes specialisées, ils ont eu envie de les adapter en français. Et ils ont eu le nez creux, avec des séries comme Queen & country ou Courtney Crumrin, qui, si elles ne sont pas des best-sellers, sont considérées comme des références par les amateurs du genre.
Autre succès : Dragon Fall, parodie espagnole du manga culte Dragonball Z, avec 40 000 albums écoulés. « Ça existait depuis dix ans et personne n'avait pensé à l'adapter », s'excuse presque Emmanuel Bouteille. Pas question, du coup, de lacher cette activité de traduction. Même si, depuis 2005 et le remarqué U 29, BD sur la guerre sous-marine en 1917-1918, Akileos publie aussi 50 % de créations.
C'est que le fonds de l'éditeur ne lui permet pas pour le moment de vivre. Pour continuer à avancer il doit sortir chaque année une trentaine de nouvelles références. La distribution est assurée au niveau national par Volumen, le distributeur du Seuil. Quant à la promotion, elle passe largement par le biais des blogs, très actifs dans le secteur de la BD. « Notre blog est trois fois plus fréquenté que notre site. »
Reste une question : comment un si petit éditeur parvient-il à attirer des auteurs souvent cotés ? « Ce qu'ils apprécient chez nous, c'est qu'ils ont toujours affaire aux mêmes interlocuteurs, sans conflit entre l'artistique et le financier, et surtout qu'on leur laisse une grande liberté. Je veux que mon catalogue ressemble à ma bédéthèque, dans laquelle il y a autant du polar, de l'humour ou des BD historiques. Le tout, à toutes sortes de format. Tout ce qu'on demande aux auteurs, c'est que ça nous plaise. »
(1) Steve Lieber est d'ailleurs en dédicace à la librairie BD Fugue, à Bordeaux, aujourd'hui de 15 à 18 heures
Auteur : christophe loubes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
donc, tu voulais dire quoi ?