dimanche 20 décembre 2009

Nouveaux espaces de la création

Article du sud-ouest du vendredi 18 décembre, recopié ici sans vergogne.

Pour accompagner la recomposition de la rive droite de l'agglomération, la municipalité de Carbon-Blanc a décidé de miser sur la bande-dessinée avec le projet de Chateau Brignon, une « fabrique d'auteurs » conçu comme un village où l'on trouvera ateliers techniques, moyens de résidences, accompagnement à la production et médiations en direction des publics, avec une attention soutenue portée aux nouvelles technologies appliquées à ce secteur

ÉCONOMIE CRÉATIVE
La CUB, sous la houlette de Richard Coconnier, organisait hier une table ronde sur les friches artistiques et autres fabriques d'art

Le mouvement consistant à investir et réhabiliter les vestiges du secteur industriel ancien - ou d'autres espaces en déshérence - pour les projeter dans ce qu'on appellera au XXIe siècle l'économie créative n'est pas né d'hier, et a donné lieu presque partout en Europe et en France à de spectaculaires réussites. Certains de ces lieux, la Grainerie, Mix'Art Myrys et l'Usine de Toulouse, ainsi que la référentielle Belle de Mai de Marseille, étaient hier conviées à partager leurs expériences avec une salle pleine d'opérateurs culturels, porteurs de projets et représentant des institutions d'Aquitaine : on refusait du monde.
Longtemps privée de tels lieux d'émergence -le TNT Manufacture de Chaussure fait figure d'ancêtre précurseur- la communauté urbaine de Bordeaux semble déterminée à rattraper son retard. Comme le faisait remarquer Gabi Farrage, représentant la Fabrique Pola, cette conception de la pratique culturelle a finit par innerver les politiques au point que nombre des projets locaux représentés hier étaient d'initiative institutionnelle... Ainsi les Terres-Neuves de Bègles, depuis peu fièrement sous-titrées « la tribu » et « l'avant-garde de l'économie créative » (marque déposée), qui prend un respectable essor avec à ce jour 56 entreprises, 234 emplois et 300 intermittents sur le site, oeuvrant dans le secteur culturel ; ou encore le projet régional de pôle culturel des Abattoirs, où à l'horizon 2014 se trouveront rassemblés autour du Frac Aquitaine les agences Ecla et OARA et un bâtiment dédié au design.


Des BD et des légumes
Pour accompagner la recomposition de la rive droite de l'agglomération, la municipalité de Carbon-Blanc a décidé de miser sur la bande-dessinée avec le projet de Chateau Brignon, une « fabrique d'auteurs » conçu comme un village où l'on trouvera ateliers techniques, moyens de résidences, accompagnement à la production et médiations en direction des publics, avec une attention soutenue portée aux nouvelles technologies appliquées à ce secteur : la BD numérique serait, pense t-on, l'avenir. Une trentaine d'auteurs seraient concernés, et le projet bénéficie du parrainnage de Lewis Trondheim.

 

Encore au stade de l'étude, le projet blanquefortais de la Vacherie s'appuie sur l'expertise de Patrick Bouchain, architecte spécialiste du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, pour élaborer une sorte de ferme péri-urbaine à usages sociaux multiples à partir d'une ancienne laiterie coordonnée au parc de Majollan. Ce lieu de vie centrée sur le vivant (animaux, végétaux, humains) et la culture au sens large devrait voir le jour en 2012.
Porté par l'agence Aquitaine Europe Communication, l'Auberge Numérique lancée tout récemement à Bacalan est une sorte d'incubateur pour jeunes pousses des NTIC. Les premiers projets accueillis tournent, ce n'est sans doute pas un hasard, autour de l'économie créative.

Filière danse, filière rock
Conçue pour les professionnels de la danse (« mais pas fermée » aux autres disciplines, car dans cet univers, « fermé » est un gros mot), la Maison des Compagnies égraine les leitmotivs de ce genre de lieux de fabrique : soutien et accompagnement des artistes, résidences de création, soutien à la diffusion, animation de réseaux internationaux... Porté par la compagnie Rêvolution, le projet devrait s'intégrer au sein de celui des Berges du Lac, dixit Dominique Ducassou, adjoint à la culture de la Mairie de Bordeaux.
Émergeant du réseau des producteurs de disques indépendants, mené par Laurent Laffargue (Aliénor) et Philippe Couderc (Vicious Circle), le Musik Institut Bazar devrait voir le jour avenue Thiers. Cet ensemble occupant le site de l'ancien magasin Chevillotte regroupera en un lieu unique l'ensemble de la filière musicale, accueillant les labels, un disquaire et une librairie, une salle de concerts de 400 places et un café. Conçu un peu comme une réponse à la mutation du marché de la musique, le projet a semble t-il rencontré l'enthousiasme des institutionnels, mais n'a pas encore bouclé son modeste budget de 800 000 euros, dont 670 demandés aux institutions.
Quant aux structures pionnières qui ont pallié à leur création les cruels lacunes de l'agglomération en lieux de production artistique, comme la Fabrique Pola, le TNT ou l'Espace29, force est de constater que leur existence demeure encore précaire, tandis que d'autres initiatives originales né des acteurs de terrain comme le Garage Moderne attendent encore les solutions pour leur mise en valeur.

Auteur : Antoine De Baecke
culture@sudouest.com

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