Animée par le dessin

PORTRAIT
Hydrologue de formation, Marion Duclos se consacre désormais au dessin et à la BD

Sud-Ouest de ce jour, une pleine page (bin si !, la 20d) à la rubrique "Le Haillan".

Cool alors ! Et vive Marion !!

Chaque projet, chaque réalisation, est un monde. L'univers graphique de Marion Duclos est une multitude de styles. Un choix maîtrisé et assumé. Comment deviner que la même main, le même regard, peuvent produire des choses aussi différentes ?

Son trait est simple, rassurant et poétique quand elle donne vie à « La Sorcière d'hiver », un petit album pour les enfants.
Il devient acéré, inquiétant, avec « Joséphine », un projet monumental de 152 pages. C'est l'histoire d'un équipage sur lequel règne une femme capitaine. Un navire hors du temps, mi-cargo pourri, mi-caravelle, infesté de rats, dont la funeste activité est de faire disparaître les cadavres que produisent des mafieux installés sur une île. Un des « cadavres », mal occis, caché à bord du navire, va contrarier l'inquiétante organisation.
Si le fond de l'histoire est sombre, l'imagination de Marion laisse de la place à l'humour. « Un peu comme le fait Kusturica, à mon échelle. » Marion Duclos n'est pas locace pour définir son art. « Je travaille beaucoup le style "jeté", une "spontanéité" pour laquelle je me reprends parfois 5 ou 6 fois » rigole-t-elle.

Un travail « à l'ancienne »
Ici, pas de palette graphique mais l'encre et les pastels, un lettrage à la main. Du boulot à l'ancienne. Pourtant, du haut de ses 28 ans, Marion Duclos n'a que trois années de BD et de graphisme derrière elle. Trois années durant lesquelles elle ne fait plus que ça, mais la passion s'enracine loin. « À l'école primaire j'avais déjà reçu un prix de dessin ». Humour pince-sans-rire dans le package.
L'univers de la BD est fait de travail de forçat - « on ne peut pas dire ça car c'est une passion » - de galères face aux éditeurs et donc d'une dose non quantifiable d'espièglerie. Les grands éditeurs, la dessinatrice les rencontre, les contacte ; l'accueil est généralement bon. Puis c'est l'attente...

Panoplie
Pour autant, le travail ne manque pas, d'autres portes, certes plus discrètes, moins commerciales, s'ouvrent. Marion Duclos s'associe à des collectifs d'auteurs (« Le souffle de l'errance », mis en place par Bruno Lhote) ; réalise BD et scénario pour Cap sciences (l'opération « Les maths à portée de main ») ; collabore activement au fanzine Zymase ; remporte le premier prix d'un concours d'affiches (en juillet 2007, à Melun). Les subsides arrivent quand elle travaille « pour la sensibilisation à l'impact des restructurations économiques et industrielles sur l'état de santé des travailleurs ». Un ouvrage, plus simplement - c'est heureux ! - titré « Merci patron », qui a été édité en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Hongrie. Scénarisé par Albert Drandov, il traite du mal vivre au travail.
Si Marion Duclos peut s'adonner à différents styles de dessin, elle peut donc, aussi, surfer sur des thématiques très différentes. C'est peut-être parce qu'elle n'a pas mis tous ses oeufs dans le même panier.

De l'eau à l'encre
Imaginant qu'un métier « sérieux » ne pouvait passer par le crayon et la plume, Marion décroche dans un premier temps un master d'hydrobiologie. La vie (et parfois la mort quand la pollution s'y met) des bestioles et des plantes des cours d'eau, l'intéresse.
Mais l'appel du dessin sera le plus fort. En 2008, elle obtient un diplôme d'illustrateur à l'École supérieure des métiers de l'image de Bordeaux et un BTS communication visuelle option graphisme et édition.
La jeune dessinatrice vit et travaille aujourd'hui à Bordeaux, à côté des Capus - elle doit y trouver quelque-uns de ses personnages - mais ses origines sont haillanaises. Elle n'est alors jamais loin quand « sa » ville invite des auteurs de BD à la bibliothèque. Ni loin du Carré des Jalles et à l'Estran (à Saint-Médard) où elle a exposé ses dessins. Mais aussi à Gradignan, pour participer il y a quelques jours à une résidence d'auteurs.

Auteur : Hervé pons